Corps pliés, gestes précis du repiquage des plants de riz, répétition de la tâche, dont l’image distribue les séquences entre les trois travailleuses. Des femmes ? Les chapeaux coniques nous dissimulent leur identité, mais l’on sait par les voyagistes (qui transforment en spectacle ce labeur traditionnel, ingénieux et harassant) que la division sexuelle réserve le travail titanesque dans les rizières aux femmes de l’ethnie Lolo. La vie travaille trois fois : la vie végétale, verte, la vie de l’eau boueuse, ocre, et la vie humaine, tannée par le soleil. Les milliards de grains de riz produits sont rapportés à leur origine : le labeur des corps.
Pierre-Michel MENGER
Professeur de Sociologie au Collège de France